Tumaini Célestin jeune mécanicien à Muheto Crédit photo: Ley Uwera |
Créer une
radio dans un camp des déplacés de guerre ? C’est l’idée qu’a eu Tumaini,
un jeune que j’ai rencontré par hasard lors d’une visite à Muheto. Muheto est
une petite bourgade située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Goma, en
territoire de Masisi. Sur la petite colline surplombant la cité se trouve un
camp de fortune. Le campement abrite des déplacés de guerre. Cinq mille ménages
au moins y sont cantonnés. La plupart
ont fui les combats entre les milices de l’Alliance des patriotes congolais
pour un Congo libre et souverain et les forces loyalistes congolaises.
Il est midi
trente lorsque j’arrive dans le centre de Muheto. On grimpe péniblement une des
collines de la cité. Soudain, une grosse pluie éclate. Avec le sol détrempé,
l’ascension devient plus difficile. Après quelques enjambées, nous atteignons
enfin le sommet de la colline, où sont installés les déplacés.
Les
conditions de vie sont épouvantables dans la plupart des sites d'hébergement de
personnes déplacées, qui sont en majorité des femmes et des enfants. Les déplacés dorment en plein air, sous la
pluie.
La surprise
A quelques
mètres du camp, je fais une rencontre improbable : un jeune homme en T-shirt
noir et pantalon bleu marine. Il s’est improvisé animateur radio. Une petite
hutte en toit de chaume couvert par une bâche. Au sommet, une antenne
pointe timidement de la cabane. C’est la « radio » de notre animateur. La station couvre le camp et
une partie du centre de Muheto. L’équipement est basique : sous l’amas
de bricolage, on devine à peine l’émetteur sommaire relié à un fil électrique
accroché à un arbre.
L’aventure
Notre
animateur s’appelle Tumaini (Espoir). Il a une vingtaine d’années. Il a les
yeux marron. Tumaini a fui les combats qui opposent l’armée congolaise aux
rebelles de l’APCLS (l’alliance des patriotes congolais pour un Congo libre et
souverain aux forces congolaise). Avant de rejoindre ce camp, il vivait à
Kibarizo, son village natal.
Tumaini, qui
n’a jamais fait d’études de journalisme, a eu l’idée de crée une radio au
sein même du camp. C’est juste un bricoleur né, un touche-à-tout. Cela
fait sept années qu’il pratique ce travail de « mécanicien ». Tumaini n’a pas fait des longues
études. C’est en deuxième année post primaire qu’il a arrêté ses études,
préférant être bricoleur.
La 103.1 Fm,
radio ya Waangaishi (la radio des personnes tourmentées)
La petite radio est tenue par quatre autres jeunes déplacés qui gardent l’antenne. Le récepteur n’a pas de programmes ou d’émissions particulières. Elle est cent pourcent musicale. « Nous avons besoin de la musique pour oublier un peu nos problèmes et détendre nos nerfs. Cela nous aide à surmonter ces douleurs. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs ? »
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