Ley Uwera, GPJ DRC
CHUKUDU
Sur ce Blog, je parle et raconte le quotidien des congolais et des Gomatraciens en particulier.
lundi 5 décembre 2016
lundi 26 octobre 2015
Du ciment extrait d'un volcan
Le Volcan Nyiragongo en activité. Crédit Photo: Thomas Gesthuizen |
La ville de Goma a un volcan qui crache du feu, le Nyiragongo, mais il ne
fait pas que des malheurs sur son passage. Un opérateur économique a eu l'idée
d'extraire des pierres de lave volcanique et en faire du ciment. Un exploit
pour l'économie de la province du Nord-Kivu.
C'est sous les pieds du volcan sur une petite colline
dans la bourgade de Kanyaruchinya que se trouve le carré minier de la
cimenterie. Sur place l'on extrait les pierres de lave volcanique pour en faire
du ciment.
L'ambition de l'entreprise ''Nyiragongo'' qui a pris
le nom du volcan est d'être un opérateur cimentier reconnu dans un secteur
aussi stratégique pour le développement, un acteur professionnel et compétitif
diversifiant l'offre. C'est l'idée qu'a eu Tana Twagira opérateur économique et
propriétaire de l'usine.
''Des analystes ont étudié les pierres volcaniques et
m'ont prouvé comment on peut transformer la lave en ciment en utilisant 25% des
pierres. Cela m'a poussé à faire une usine de production de ciment. A 4
kilomètres d'ici nous avons une carrière de Polozane ce qui veut dire lave
volcanique'', a-t-il déclaré.
Fierté nationale
La politique de l'entreprise est fondée sur la
production, la commercialisation et le développement des matériaux et des
services innovants pour ses clients.
''C'est une fierté d'avoir du ciment produit au Congo.
On était habitué à consommer du ciment qui venait de l'étranger, de l'Ouganda,
du Kenya même de la Tanzanie mais aujourd'hui nous sommes fières d'avoir du
ciment produit localement avec notre pierre de lave'', témoigne Thomas un
consommateur du ciment de Nyiragongo.
Selon lui, le prix est bas mais pas très bas par
rapport au ciment importé.
''Mais si on peut épargner 1 dollar et demie sur un
sac de ciment et qu'on en utilise 100 ou 1500 sur un chantier vous voyez le
gain que l'on fait'', ajoute-t-il.
L'usine de ciment ''Made in Goma'' qui produit environ
50 tonnes soit 1000 sacs de ciment par jour séduit déjà les acheteurs locaux.
Mais cette production est loin de couvrir les besoins
nationaux. L'usine ne produit qu'environ 50 tonnes soit 1000 sacs de ciment par
jour. Ainsi Tana Twagira compte doubler la production d'ici l'année prochaine.
''On est à 50 tonnes par jour mais c'est une petite
unité de production. A mi-mai-Avril on peut aller à 500 tonnes. D'autant plus
nous avons le soutien total du gouvernement. Cela fait un mois qu'on vient de
commencer aussi à Bukavu dans le Sud-Kivu. Le ciment importé est à 17 dollar et
moi je suis à 15. On est moins chère et la qualité est très bonne. Dès qu'on
produit beaucoup on va réduire le prix'', indique-t-il.
Avec une forte demande sur le marché, l’usine de
production de ciment à partir de la lave volcanique pourrait créer la
concurrence dans le secteur du bâtiment dans l'est du Congo.
lundi 10 août 2015
Après 10 ans d’exile, Sadiki retrouve sa
famille
Un jeune garçon déplacé de guerre assis dans un marais à Kitshanga dans le territoire de Masisi Crédit photo: Ley Uwera |
La guerre et les conditions de vie extrêmement
difficiles poussent des milliers de familles congolaises à fuir en République
démocratique du Congo (RDC).
Sadiki a 7 ans lorsque la guerre déclenchée par
les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) touche son
village du Nord-Kivu. Nous sommes en 2004. Ce nouveau conflit le contraint à se
séparer de sa famille dans la foulée de mouvements de populations. Comme par
hasard, sur son chemin il fait la connaissance d’un homme qui deviendra son
compagnon de route. Il s’agit d'un militaire de l'armée congolaise qui assurera
sa protection, dit-il. Ils font une partie du chemin ensemble.
Arrivé en Ouganda, de l’autre côté de la frontière,
Sadiki est repéré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR). L’agence onusienne lui offre un abri dans un camp de réfugiés à
Rwamanja, non loin de la frontière congolaise. Il sera ensuite transféré
au Comité international de la Croix Rouge avant d'être rapatrié en
RDC où le CICR organise, en collaboration avec des volontaires, des programmes
pour aider les membres des familles séparées à rétablir le contact.
Les nouvelles peu rassurantes
Sadiki sera emmené dans le territoire de
Masisi, dans la petite localité de Mihanja, un site de transit de déplacés et
réfugiés qui retournent dans leur milieu d’origine. Une première tentative
de réunification a été organisée par le CICR l’année dernière. Sans
succès. Il n’aura pas la chance de retrouver les siens, alors qu’il y
croyait fermement.
Sadiki ne perd pas espoir pour autant. Quand
nous sommes arrivés sur place, il attendait calmement après cette tentative
infructueuse. C’est dans un centre de réinsertion et d’encadrement pour
jeunes désœuvrés que nous avons rencontré Sadiki. Sous un soleil de
plomb, il attendait toujours de revoir sa mère dont il n’avait plus de
nouvelles depuis plus de 10 ans.
De loin, nous pouvions voir un véhicule du CICR
s’approcher. A bord, il y avait la mère de Sadiki. Elle n’a pas eu de mal à
reconnaître son fils qui avait disparu une dizaine d’années auparavant.
Emouvantes retrouvailles. Visiblement sous le coup de l’émotion, après de
longues années de séparation, Sadiki et sa mère ont passé quelques instants
dans le jardin pour échanger et se remémorer de vieux souvenirs.
Le jeune homme devra toutefois attendre la
conclusion de toutes les procédures pour retrouver enfin sa grande famille dans
le Masisi. Sadiki est l’un des nombreux jeunes à avoir acquis le statut de
réfugié après avoir fui les barbaries dans l’est de la République démocratique
du Congo. Selon Gaya Valleci, un délégué qui travaille pour le service du CICR
chargé de ce qu’on appelle le rétablissement des liens familiaux (RLF), 168 enfants
réfugiés non accompagnés originaires de RD Congo ont retrouvé leurs familles
ces derniers temps.
Cela fait six mois que Sadiki apprend une
panoplie de petits métiers au centre Don Bosco. Il a d’ores et déjà
choisi sa filière : la mécanique. Il compte ainsi devenir chauffeur
de taxi pour joindre les deux bouts dans les jours à venir, sans compter sur
une hypothétique aide de tiers.
Par ailleurs, Sadiki est passionné de musique.
Il fait du rap avec certains jeunes aux parcours similaires qu’il a rencontrés
dans le centre. Aujourd’hui la paix se construit et beaucoup des familles
séparées regagnent leurs villages.
vendredi 3 juillet 2015
Les familles de militaires bloquées au port de Goma
Un enfant d'un soldat FARDC assis à cote des armes de son père. Crédit Photo: Ley Uwera |
Femmes et enfants, assis sur des sacs d’emballage, passent la nuit à la belle étoile. Ils espèrent chaque jour avoir la chance de s’embarquer dans des véhicules de location mis à leur disposition par le gouvernement pour rejoindre leurs compagnons dans leurs lieux d’affectation.
Les conditions de vie sont précaires
Ces personnes vivent dans le port de Goma sans aucune assistance. Par endroits, on peut voir des enfants assis à côté des armes de leurs pères.
Ces familles, en provenance de la province du Sud-Kivu, ont quitté leurs camps et tout abandonné pour rejoindre leurs époux militaires sur la ligne de front à Béni. Ce territoire, situé à environ 250 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu, est le théâtre depuis plusieurs mois de massacres attribués aux combattants du mouvement rebelle ougandais dénommé Allied Democratic Forces (ADF).
Ces femmes désespérées ont du mal à joindre les deux bouts. Les soldats, qui reçoivent de faibles soldes, n’arrivent pas à subvenir aux besoins des leurs. Hélène, femme de soldat et mère de 5 enfants, affirme passer la nuit dehors avec son nouveau-né.
«Nous endurons beaucoup de choses ici. Nous venons de faire un mois. J’étais enceinte lorsque je suis arrivée ici. Mon enfant n’a que six jours aujourd’hui. Nous demandons aux officiers de l’armée (FARDC) de nous conduire là où se trouvent nos maris.»
Comme cette jeune femme, elles sont nombreuses à vivre dans la promiscuité, sans aucune intimité, au port de Goma. Des problèmes d’hygiène se posent, explique Marceline Opemba qui est l’épouse d’un caporal. Elle a été désignée comme porte-parole de ces familles.
« Nous n’avons pas d’eau potable. Nous n’avons ni nourriture, ni médicaments. Il n’y a pas de latrines ici. Nous n’avons pas non plus le moyen de rejoindre nos maris. Que les autorités nous trouvent une solution pour que nous puissions rejoindre nos compagnons à Beni»
Lorsque les militaires sont affectés quelque part, ils sont toujours accompagnés de leurs familles. Cependant, leurs conditions de vie restent difficiles.
lundi 10 novembre 2014
A Kitshanga les déplacés de guerre sont autonome
Des femmes dans un marais à Kitshanga Crédit Photo: Charly Kasereka |
Peut-on être à la fois déplacé de guerre et autonome ? Oui, s’il s’agit de maintenir la cohésion sociale entre des communautés déchirées par les conflits armés. À Kitshanga dans le Masisi le mécanisme est en marche.
Je
me trouve dans le marais de Kibumbu, à une soixantaine de kilomètres de la
ville volcanique de Goma. C’est en territoire de Masisi, dans un vaste
champ de 110 hectares. Devant moi, plusieurs dizaines de personnes en train de
labourer la terre en fredonnant quelques chants. On se croirait à l’ère de
l’esclavage aux Etats-Unis.
Dans
le marécage, ce sont des légumes (patates douces, pommes de terre,
choux-fleurs, etc.) que déplacés et autochtones du terroir essayent de
cultiver. La plupart d’entre eux sont des femmes, voire des jeunes garçons
qui travaillent conjointement avec leurs mères.
Dans
cet environnement, il n’est pas facile, pour plusieurs familles pauvres, de
refaire leur vie après un conflit armé ou une catastrophe naturelle. Pour
favoriser l’accès des communautés vulnérables aux biens de première nécessité
dans ce contexte difficile, le Programme alimentaire mondial (PAM) soutient
l’activité agricole à laquelle se livrent des déplacés de ce camp. Le PAM a
ainsi mis en place le programme ‘ « Vivres pour le travail » qui consiste à cultiver des
champs collectifs et à utiliser des greniers communs.
Le
marais aménagé est réparti en petites parcelles de 8 hectares chacune. Chaque
ménage exploitera sa parcelle pendant une durée de 5 ans. Une structure locale
partenaire du PAM, dénommée PADEC, (Programme d’appui pour le développement
communautaire) approvisionne les déplacés en semences vivrières.
En
parcourant le champ, je rencontre Yalala Ndondoli, une jeune femme
d’une quarantaine d’années et aux yeux marron, vêtue d’un pagne bleu et
d’une blouse noire. Cette native de Kahira, un village de l’ouest de Kitshanga,
appartient à une population déplacée depuis plusieurs années.
Cela
fait 7 ans qu’elle ne s’est plus rendue dans son village en proie à des guerres
à répétition, marquées notamment par des exactions imputables aux rebelles
rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui écument
l’est de la RDC depuis de longues années.
Aujourd’hui, Yalala, comme d’autres
personnes déplacées, tire profit du projet que coordonne le PADEC dont
l’objectif est d’aider les populations paysannes à avoir plus facilement accès
aux terres.
« J’ai reçu une jeune truie que j’élève et
elle a mis bas. Je suis soulagée et maintenant capable de scolariser mes
enfants qui étaient régulièrement renvoyés de l’école. Ils vont désormais
poursuivre leurs études grâce à ce champ que j’exploite », raconte-t-elle.
Suite
à l’activisme des groupes armés, ces déplacés ne peuvent pas rentrer dans leurs
localités. Actuellement, plus de 800 ménages sont devenus autonomes
financièrement. Le projet « Vivres pour le travail »
permet ainsi à plusieurs déplacés d’améliorer leur niveau de vie.
Inscription à :
Articles (Atom)