Un jeune garçon déplacé de guerre assis dans un marais à Kitshanga dans le territoire de Masisi Crédit photo: Ley Uwera |
La guerre et les conditions de vie extrêmement
difficiles poussent des milliers de familles congolaises à fuir en République
démocratique du Congo (RDC).
Sadiki a 7 ans lorsque la guerre déclenchée par
les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) touche son
village du Nord-Kivu. Nous sommes en 2004. Ce nouveau conflit le contraint à se
séparer de sa famille dans la foulée de mouvements de populations. Comme par
hasard, sur son chemin il fait la connaissance d’un homme qui deviendra son
compagnon de route. Il s’agit d'un militaire de l'armée congolaise qui assurera
sa protection, dit-il. Ils font une partie du chemin ensemble.
Arrivé en Ouganda, de l’autre côté de la frontière,
Sadiki est repéré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR). L’agence onusienne lui offre un abri dans un camp de réfugiés à
Rwamanja, non loin de la frontière congolaise. Il sera ensuite transféré
au Comité international de la Croix Rouge avant d'être rapatrié en
RDC où le CICR organise, en collaboration avec des volontaires, des programmes
pour aider les membres des familles séparées à rétablir le contact.
Les nouvelles peu rassurantes
Sadiki sera emmené dans le territoire de
Masisi, dans la petite localité de Mihanja, un site de transit de déplacés et
réfugiés qui retournent dans leur milieu d’origine. Une première tentative
de réunification a été organisée par le CICR l’année dernière. Sans
succès. Il n’aura pas la chance de retrouver les siens, alors qu’il y
croyait fermement.
Sadiki ne perd pas espoir pour autant. Quand
nous sommes arrivés sur place, il attendait calmement après cette tentative
infructueuse. C’est dans un centre de réinsertion et d’encadrement pour
jeunes désœuvrés que nous avons rencontré Sadiki. Sous un soleil de
plomb, il attendait toujours de revoir sa mère dont il n’avait plus de
nouvelles depuis plus de 10 ans.
De loin, nous pouvions voir un véhicule du CICR
s’approcher. A bord, il y avait la mère de Sadiki. Elle n’a pas eu de mal à
reconnaître son fils qui avait disparu une dizaine d’années auparavant.
Emouvantes retrouvailles. Visiblement sous le coup de l’émotion, après de
longues années de séparation, Sadiki et sa mère ont passé quelques instants
dans le jardin pour échanger et se remémorer de vieux souvenirs.
Le jeune homme devra toutefois attendre la
conclusion de toutes les procédures pour retrouver enfin sa grande famille dans
le Masisi. Sadiki est l’un des nombreux jeunes à avoir acquis le statut de
réfugié après avoir fui les barbaries dans l’est de la République démocratique
du Congo. Selon Gaya Valleci, un délégué qui travaille pour le service du CICR
chargé de ce qu’on appelle le rétablissement des liens familiaux (RLF), 168 enfants
réfugiés non accompagnés originaires de RD Congo ont retrouvé leurs familles
ces derniers temps.
Cela fait six mois que Sadiki apprend une
panoplie de petits métiers au centre Don Bosco. Il a d’ores et déjà
choisi sa filière : la mécanique. Il compte ainsi devenir chauffeur
de taxi pour joindre les deux bouts dans les jours à venir, sans compter sur
une hypothétique aide de tiers.
Par ailleurs, Sadiki est passionné de musique.
Il fait du rap avec certains jeunes aux parcours similaires qu’il a rencontrés
dans le centre. Aujourd’hui la paix se construit et beaucoup des familles
séparées regagnent leurs villages.
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