vendredi 3 juillet 2015

Les familles de militaires bloquées au port de Goma



Un enfant d'un soldat FARDC assis à cote des armes de son père. Crédit Photo: Ley Uwera
Il  est 11h30  alors que j’arrive au port de Goma à quelques mètres du lieu d’embarcation des bateaux. J’aperçois des femmes munies de matelas, bidons et casseroles. Il s’agit de familles de militaires dont plus de 500 membres sont bloqués depuis au moins un mois au port de Goma. 

Femmes et enfants, assis sur des sacs d’emballage, passent la nuit à la belle étoile. Ils espèrent chaque jour avoir la chance de s’embarquer dans des véhicules de location mis à leur disposition par le gouvernement  pour rejoindre leurs compagnons dans leurs lieux d’affectation. 

Les conditions de vie sont précaires

Ces personnes vivent dans le port de Goma sans aucune assistance. Par endroits, on peut voir des enfants assis à côté des armes de leurs pères.

Ces familles, en provenance de la province du Sud-Kivu, ont  quitté leurs camps et tout abandonné pour rejoindre leurs époux militaires sur la ligne de front à Béni. Ce territoire, situé à environ 250 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu, est  le théâtre depuis plusieurs mois de massacres attribués aux combattants du mouvement rebelle ougandais dénommé Allied Democratic Forces (ADF). 

Ces femmes désespérées ont du mal à joindre les deux bouts. Les soldats, qui reçoivent de faibles soldes, n’arrivent pas à subvenir aux besoins des leurs. Hélène, femme de soldat et mère de 5 enfants, affirme passer la nuit dehors avec son nouveau-né.

«Nous endurons beaucoup de choses ici. Nous venons de faire un mois. J’étais enceinte lorsque je suis arrivée ici. Mon enfant n’a que six jours aujourd’hui. Nous demandons aux officiers de l’armée (FARDC)  de nous conduire là où se trouvent nos maris.»

Comme cette jeune  femme, elles sont nombreuses à vivre dans la promiscuité, sans aucune intimité, au port de Goma. Des problèmes d’hygiène se posent, explique Marceline Opemba qui est l’épouse d’un caporal. Elle a été désignée comme porte-parole de ces familles.

« Nous n’avons pas d’eau potable. Nous n’avons ni  nourriture, ni médicaments. Il n’y a pas de latrines ici. Nous n’avons pas non plus le moyen de rejoindre nos maris. Que les autorités nous trouvent une solution pour que nous puissions rejoindre nos compagnons à Beni»

Lorsque les militaires  sont affectés quelque part, ils sont toujours accompagnés de leurs familles. Cependant, leurs conditions de vie restent difficiles.

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